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17 Septembre 2021
Environnement
Valorisation
Recyclable et renouvelable, le papier-carton s’impose au cœur des enjeux d’écoconception des emballages. Véritable alternative face à la difficulté de recycler certaines résines plastiques, il nécessite pourtant une mutation de sa filière, bouleversée par plusieurs événements.

En France, la production annuelle de déchets papiers-cartons atteint 8 millions de tonnes. 35 % des volumes sont produits par les activités tertiaires et 14 % par les ménages. Le reste provient du secteur industriel, du secteur agricole et du BTP.

A NOTER
Si l’urgence du moment concerne les modèles Takata, tous les airbags doivent être recyclés et valorisés.
2018 – 2020 : Un écosystème bouleversé

Plusieurs événements indépendants ont totalement perturbé la filière papier-carton ces dernières années. Avec des conséquences durables…

FERMETURE DES FRONTIÈRES CHINOISES

Depuis 3 ans, l’industrie française du papier-carton affronte une situation inédite provoquée par la Chine. Alors que les vannes étaient jusqu’à présent largement ouvertes, Pékin a brusquement fermé ses frontières aux déchets des pays occidentaux. Conséquence : en Europe, les stocks de papiers-cartons à recycler se sont accumulés jusqu’à atteindre des niveaux historiques. La saturation des filières locales de traitement a provoqué un écroulement des cours, en raison de l’abondance de matière recyclable disponible. Pour préserver leurs modèles économiques très lourdement impactés, les industriels du recyclage ont facturé les frais de recyclage du CCR.

UNE ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE LOURDEMENT IMPACTÉE PAR LE COVID-19

Comme de nombreux secteurs, l’industrie de recyclage de papier-carton a connu un ralentissement voire un coup d’arrêt avec la pandémie de Covid-19. Le 1er confinement s’est accompagné d’une forte détérioration du climat des affaires. Au final, le chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur (papier, carton et pâte marchande) s’est déprécié de 12,7 % en 2020, pour atteindre 4,7 milliards d’euros. Parmi les raisons : la déflation du prix de vente de la plupart des familles de papiers et cartons.

UNE CRISE STRUCTURELLE ET CONJONCTURELLE DE LA DEMANDE

Les papiers et cartons usagés récupérés après usage (PCR) constituent depuis plusieurs années une matière première surabondante en France. Les experts estiment l’excédent à environ 2 millions de tonnes par an. Les acteurs de la récupération doivent exporter les matières issues du tri, faute d’un nombre suffisant de sites industriels utilisateurs de PCR sur le territoire. La fermeture de la papeterie de Chapelle-Darblay, à Grand-Couronne, qui absorbait chaque année 350 000 tonnes de papiers à recycler, a accentué le problème. Les journaux et magazines qui sortent des centres de tri sont commercialisés essentiellement dans les pays limitrophes (Allemagne, Belgique, Espagne).

UN APPROVISIONNEMENT EN BOIS DE TRITURATION FLUCTUANT

Les tempêtes de 1999 et 2009 provoquent aujourd’hui des difficultés d’approvisionnement en bois de pin maritime, essentiel au processus de recyclage.
Parallèlement, la prolifération de coléoptères (scolytes notamment) depuis le début de l’automne 2018 dans de nombreuses forêts d’épicéa du Grand Nord Est, entraîne un dépérissement des arbres, et donc une hausse des coupes. De quoi présager une réduction de la récolte dans les années à venir…

2021 : Une situation contrastée

Les remous des dernières années se font encore ressentir, alors que 2 grandes tendances émergent. D’un côté, un déclin irréversible du papier graphique avec le développement des supports numériques. De l’autre, le boom du e-commerce fait exploser les besoins en carton, particulièrement pour l’emballage.

UN MARCHÉ SOUMIS À DE MULTIPLES VARIATIONS

Entre le dernier semestre 2020 et le premier semestre 2021, les variations du cours des rachats matière papier-carton suivaient plutôt des tendances positives. Mais elles ont ensuite subi une forte baisse entre avril et juillet 2021.

LE DÉVELOPPEMENT DU E-COMMERCE

Depuis le début de la pandémie, le e-commerce s’impose comme un débouché dynamique pour l’industrie du carton grâce à la demande élevée en emballages. Même s’il ne s’agit encore que d’une niche dans un segment très large de l’emballage, la croissance de production des emballages en papier-carton affiche 3,6 % au 1er trimestre 2021.

Pour profiter de cette opportunité, les professionnels travaillent sur :

  • l’amélioration de la recyclabilité et biodégradabilité d’emballages papier-carton aux propriétés barrières renforcées ;
  • le développement des propriétés barrières, comme la résistance à l’eau, à l’air, au gras tout en préservant leur recyclabilité dans les filières existantes ;
  • le développement de nouvelles solutions pour augmenter l’aptitude des emballages au contact alimentaire ;
  • l’économie de matière première et le coût de transport en allégeant les emballages en papier-carton.

UN INVESTISSEMENT DANS LES UNITÉS INDUSTRIELLES

Dans l’Eure, la reprise de l’usine Double A située à Alizay va permettre de développer la filière du papier recyclé. Cette unité contribuera ainsi à résorber une partie de l’excédent structurel de papiers cartons de recyclage.

Par ailleurs, des pourparlers sont en cours pour la reprise de la papeterie de la Chapelle Darblay. Cela garantirait la continuité de production des papiers recyclés, comme les papiers pour ondulé (PPO) issus de papiers et cartons à recycler (PCR). De quoi préserver 300 à 350 postes.

Demain : des pistes pour surmonter les difficultés de la filière

Face à la crise du secteur, le gouvernement a lancé une mission pour évaluer la situation et soutenir la filière. Les propositions de la mission portent sur des enjeux spécifiques, en particulier sur le développement de nouveaux usages et de nouveaux produits.

  • Améliorer la collecte et le tri.
  • Réorienter les gisements papetiers vers des marchés nouveaux ou à approfondir.
  • Renforcer l’usage de fibres recyclées dans certaines utilisations existantes.